On appelle « bouddhisme ancien » ou « bouddhisme des écoles » (en anglais, on emploie plus généralement les expressions de early buddhism et nikāya buddhism), la période de formation du bouddhisme, en Inde, depuis la prédication du Buddha historique Gotama (seconde moitié du Ve s. av. J.-C.) jusqu’à l’époque médiévale (VIe - VIIe s. ap. J.-C.), lorsque les disciples indiens du Buddha se considèreront comme répartis en quatre grands courants, eux-mêmes divisés en une vingtaine de « groupes » (nikāya) ou « écoles » (-vāda, une forme verbale qui peut se traduire par « qui proclament..., qui enseignent... »).
Histoire du bouddhisme ancien
L'approche historique du bouddhisme ancien ne doit pas être négligée...
Durant les quatre premiers siècles de son histoire, les enseignements du Buddha se transmettent uniquement par tradition orale et les tout premiers manuscrits, écrits en Inde à partir du début de l'ère chrétienne, ne nous sont pas parvenus car le climat du sous-continent, humide et chaud, a empêché leur conservation.
De ce fait, toutes les informations dont nous disposons sur cette première période du bouddhisme émanent des différents courants qui se sont créés au fil des siècles et le témoignage qu'ils transmettent sur leurs origines dépend en grande partie du point de vue spécifique qu'ils entendent défendre.
On a acquis la certitude, aujourd'hui, que l'ensemble des bouddhistes de l'Inde, avant l'ère chrétienne, partageait un ensemble d'enseignements, réunis en un Canon « primitif » commun. Cela dit, malgré ce Canon commun, nombre de points de doctrine importants et des pratiques qui en découlent ont connu des évolutions importantes, dès à peine plus d'un siècle après la disparition du Buddha.
La vie du Buddha, notamment, n'est que très peu documentée dans ce Canon « primitif », surtout sur son enfance et sa jeunesse, et l'intérêt que chaque courant porte à cette période de sa vie est extrêmement différent, pour des raisons strictement doctrinales. On dispose donc aujourd'hui de différentes « vies du Buddha », qui sont bien davantage des hagiographies que des biographies historiques scientifiquement sûres.
Quant à ce que le Buddha aurait lui-même enseigné de son vivant, ce qui constituerait le bouddhisme « originel », il est très peu probable que nous parvenions jamais à le reconstituer. Ce dont nous disposons, c'est du témoignage de différentes traditions, dont certaines très anciennes, qui révèlent de nombreux points communs - dont on peut penser qu'ils sont issus d'un fonds original - mais qui révèlent aussi, très tôt, des spécificités propres à chaque courant.
Le bouddhisme ancien est donc surtout le bouddhisme des écoles anciennes, plutôt que celui du Buddha lui-même.
Nos ressources sur « l'histoire du bouddhisme ancien » ont pour but de mieux faire connaître ces différents courants apparus au cours des premiers siècles de l'histoire du bouddhisme en Inde, afin d'en connaître au mieux les points de vues différents et leurs spécificités, tant sur l'Éveillé lui-même (Buddha) que sur sa doctrine et les pratiques qui en découlent (Dharma) ou l'organisation de la Communauté (Saṅgha) de ses disciples. Pour en savoir plus...
Les fondements du bouddhisme, selon les écoles anciennes
Lorsqu’on évoque les fondements du bouddhisme ancien, on fait généralement référence aux enseignements du Buddha tels qu’ils ont été transmis dans le Canon « primitif » et apparemment commun à l’ensemble des bouddhistes indiens avant l’ère chrétienne. Cela dit, ce Canon primitif nous est aujourd’hui accessible par très peu de documentation écrite, ce qui contraint les chercheurs à un travail de reconstitution, à partir d'éléments variés et parfois contradictoires.
On dispose du Canon rédigé en langue pālie qui, du fait qu’il est encore aujourd’hui le Canon de référence du Theravāda, a été conservé dans son intégralité ; mais l’on sait que ce Canon a connu plusieurs révisions au fil des siècles et le manuscrit le plus ancien dont nous disposons ne date que du IXe s. de notre ère, pour quelques extraits seulement, et du XVIe s., pour une version complète.
Si ce témoignage demeure néanmoins absolument irremplaçable, il convient de le comparer avec d’autres versions écrites qui nous sont aussi parvenues ; pour l’essentiel, il s’agit de traductions en chinois, effectuées dès le début de l’ère chrétienne, et qui proviennent de plusieurs écoles, autres que le Theravāda. Les études comparatives ont débuté au cours du XXe siècle et sont loin d’être achevées ; mais elles ont déjà révélé des variations intéressantes…
D’autre part, plusieurs ensembles de manuscrits anciens, datant du début de l’ère chrétienne, ont été retrouvés au début du XXe s., au Pakistan, en Afghanistan et en Asie centrale, dont le climat aride avait permis leur bonne conservation. Ils appartiennent aussi à d’autres écoles que le Theravāda. Plusieurs décennies ont été nécessaires pour assurer leur conservation et leur édition ; on commence à peine le travail de comparaison…
Nos ressources, sur « les fondements du bouddhisme, selon les écoles anciennes », s’appuieront donc en grande partie sur les travaux effectués à partir du Canon pāli mais aussi, quand cela est possible, sur ce qu’ont révélé ces comparaisons avec les autres Canons. Pour en savoir plus...
L’art, l’architecture et l’iconographie
Dernier élément à prendre en compte pour l’étude du « bouddhisme ancien », l’art, l’architecture et l’iconographie, dont l’intérêt dépasse de loin le seul aspect purement esthétique, déjà en soi considérable.
Les vestiges les plus anciens dont nous disposons ne remontent pas au-delà du règne de l’empereur Aśoka (cerca ~270 / ~230) soit, en gros, cent-cinquante ans après la disparition du Buddha. C’est avec l’empereur Aśoka, grand constructeur, qu’apparaît en Inde l’architecture en pierre et, aussi, l’écriture gravée, qui constitue ainsi le plus ancien témoignage écrit de toute l’histoire du bouddhisme ancien qui ait été conservée sous sa forme originale.
Même si ces « édits gravés » d’Aśoka sont avant tout les édits d’un empereur, celui-ci s’est converti au bouddhisme et entend être un monarque bouddhiste exemplaire ; certains de ses édits nous ont ainsi fourni d’intéressantes informations. Quant à l’architecture – essentiellement des tumulus reliquaires (pāl. thūpa ; skt. stūpa) et des résidences « monastiques » (vihāra) – ce sont surtout les décorations légèrement postérieures à son règne (~IIe s. / Ier s.) qui ont fourni le plus d’informations.
L’évolution de l’iconographie, la statuaire, les éléments décoratifs reflètent, eux aussi, les évolutions connues dans la diffusion des enseignements du Buddha, sa représentation symbolique comme aussi sur les pratiques, notamment les plus répandues.
Nos ressources feront donc aussi une large part à ces documents artistiques, qui complètent souvent de façon extrêmement importante l’étude des seuls textes canoniques. Pour en savoir plus...