La formule d'introduction de tous les suttas du Canon pāli, "evaṃ me sutaṃ...", est très généralement traduite par "Ainsi ai-je entendu". Elle fait référence au fait qu'Ānanda, le jeune cousin du Buddha qui fut aussi son assistant le plus proche pendant de très nombreuses années, récita de mémoire tous les enseignements qu'il avait entendus, lors de la première saṅgīti, la récitation commune qui eut lieu quelques temps après l'extinction complète du Buddha et qui fut à l'origine de la compilation que nous connaissons aujourd'hui comme le Canon bouddhique, la "Triple Corbeille" (ti-piṭaka). Le terme "sutaṃ" est le participe passé du verbe sūṇati ("entendre"), dont deux autres termes fréquemment utilisés dans le Canon sont aussi connus : sāvaka, "l'auditeur" ou "disciple", ou encore sutavant, un participe présent généralement traduit par "(bien) instruit". Mais s'agit-il, ici, seulement, d'avoir entendu...? Le fait d'entendre se résume-t-il à une simple audition et mémorisation ou bien le verbe suppose-t-il une compréhension, voire une réalisation particulière ? Et, dans ce cas, la formule "Ainsi ai-je entendu" doit-elle être comprise comme l'affirmation que les "paroles-de-buddha" (buddha-vacana) ainsi rapportées sont bien un témoignage historique authentique ? Ou bien nous fournit-elle une information tout à fait différente ?...
Cette "Causerie" a été donnée lors des "Journées" des 29 et 30 juin 2024, dans les locaux du Forum 104, à Paris.
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