Dans cet article publié dans la Pali Buddhist Review (Vol. 1 n° 2), Bhikkhu Bodhi explore la différence entre les deux expressions "agrégats" (khandha) et "agrégats d'attachement" (upādānakkhandha)
Il écrit, au début de son article : "Notre préoccupation est [...] de déterminer ce que signifie précisément le fait d’appeler les agrégats "les cinq agrégats d’attachement" et de voir quelles en sont les implications pour notre compréhension de dukkha. Bien qu’une telle étude puisse sembler, au départ, une entreprise insignifiante, |...] une réflexion plus approfondie montrera que, au contraire, une détermination exacte de la signification du terme pañcupādānakkhandhā est de première importance pour parvenir à une compréhension correcte du Dhamma. Car ce sont ces agrégats, en tant que catégories de dukkha, qui fournissent au Dhamma son irremplaçable point de départ, et leur disparition et cessation sans restes qui constituent son accomplissement final."
L'analyse de l'auteur fait référence non seulement aux sutta-s du Canon pāli qui abordent le thème des khandha mais aussi aux textes d'Abhidhamma et aux Commentaires. Bhikkhu Bodhi évoque notamment longuement le cas de l'arahant qui, bien que dépourvu de tout attachement du fait de sa Libération, est néanmoins présenté comme disposant d' "agrégats d'attachement". La résolution de ce qui apparaît comme une contradiction permet à l'auteur de présenter son interprétation des diverses définitions du terme dukkha et leur relation avec la notion d'agrégats d'attachement : "[...] seul le disciple ariya, qui a vu Nibbāna par lui-même avec l’œil de la Noble sagesse, peut comprendre par pénétration directe [le] dernier sens de dukkha. Car lui seul a accès à la vision d’une réalité transcendante aux agrégats qui sont dukkha, avec laquelle il peut les opposer et voir par lui-même que, "En bref, les cinq agrégats d'attachement sont dukkha".